Avant d'être beau ou bien intégré, un escalier de jardin doit surtout être praticable. En effet, il est important que l'inconfort du piétinement n'ajoute pas à l'effort de la montée. Le secret de cette alchimie ? Quelques formules savamment troussées qu'il faut connaître absolument.
Dans les jardins en pente, le recours à l'escalier est une nécessité. Si la rampe d'accès, plus ou moins douce, permet l'accès aux machines et aux brouettes aux différents niveaux, en revanche pour le jardinier, l'escalier reste la meilleure manière de monter ou de descendre. Qu'il soit en pierre, en bois ou en béton, il s'agit d'un aménagement à la portée de la plupart des bricoleurs. Encore faut-il savoir disposer les marches de manière à ne pas contrarier la foulée afin de ne pas en faire un « casse-pattes ». L'effort à fournir doit être constant afin que l'allure reste régulière malgré les variations, infimes ou non, de la hauteur escaladée.
Le vénérable pionnier
C'est le mathématicien François Blondel qui, en 1675, est le premier à avoir théorisé cette problématique de l'escalier. Et il constate : « À chaque fois qu'on s'élève d'un pouce, la valeur de la partie horizontale se trouve réduite de deux pouces si bien que la somme de la hauteur doublée de la marche et de son giron doit demeurer constante, et être de deux pieds ». Une formulation absconse que notre glorieux scientifique résuma de la manière suivante : M = 2h + g.
Une affaire de calculs
La formule se déchiffre ainsi : « M » est la distance moyenne que représente un pas, « h » est la hauteur de la marche et « g » le giron, soit sa profondeur. Dans le problème posé, et de manière communément admise, la longueur d'un pas représente environ 65 cm. La valeur de la hauteur de la marche, multipliée par deux, additionnée à sa profondeur, doit équivaloir à 65 cm. Ce qui donne les propriétés suivantes à notre escalier : pour une hauteur de 10 cm il faut prévoir une marche de 45 cm de profondeur, pour 15 cm il faut 35 cm, pour 20 cm il faut 25 cm et pour 25 cm, c'est-à-dire un escalier plutôt raide, environ 15 cm.
La marche normée
Depuis le 17e siècle, la réglementation est passée par là, et la hauteur des marches a été normée dans les bâtiments publics : 17 cm de haut pour 28 cm de giron, pour une pente de 30°. En effet, la raideur de la pente entre aussi en ligne de compte et les marches seront d'autant plus hautes et réduites que la pente sera raide. De 45° à 75°, on parle ainsi d'escalier « de machine » et à partir de 75°, on bascule dans l'échelle.
Sur la longueur
Il s'agit là de données concernant les escaliers à « un pas ». Dans les jardins, où les pentes peuvent être longues mais douces, on peut aménager des escaliers « à pas-d'âne », ceux-là mêmes qui permettaient le passage des animaux domestiques, dont les marches très basses mais très longues nécessitent plusieurs pas pour les franchir. Dans ces cas précis, l'important n'est pas la hauteur de la marche, mais bien sa profondeur, presque millimétrée, qui doit permettre une marche régulière et cadencée, sans nécessiter de piétinement au moment du franchissement.