Rosiers, vignes, arbres ou petits fruitiers gagnent à être plantés à racines nues pour de nombreuses raisons. Une opération gagnante à mener durant la période du repos végétatif, peu ou prou de novembre à mars. L'une des clefs de la réussite consiste à enduire les racines d'une préparation idoine que l'on nomme le pralin, bien plus en amont qu'on ne le pense généralement.
Il ne faut pas confondre cuisine et jardin. Le pralin du jardinier n'est pas le praliné du cuisinier. À chacun sa recette selon ses buts à atteindre : oindre des racines ou garnir un Paris-Brest, ce qui n'est pas tout à fait la même chose.
Gare à l'air sec !
Commençons par rappeler le principe fondamental du pralinage : éviter le dessèchement des racines nues et favoriser la cicatrisation des blessures dues à l'arrachage et à l'habillage. Le pralin est une pâte liquide dans laquelle on trempe les racines des végétaux vendus sans pot, pendant une à deux heures, avant de les laisser sécher à l'air libre. C'est la gangue formée par le pralin sec qui les protège de la dessiccation. Accessoirement, le pralin est censé encourager l'apparition de micro-organismes qui vont activer et soutenir l'émission des nouvelles radicelles. Mais ce rôle peut être avantageusement tenu par l'ajout d'intrants organiques au moment de la plantation.
Et que ça saute !
Puisque le dessèchement est le pire ennemi des racines mises à nu, il faut avant tout veiller à les protéger au moment de l'achat, en les drapant d'un tissu humide le temps du transport. S'il n'est pas possible de planter les végétaux rapidement, mieux vaut les mettre en jauge, en recouvrant temporairement leurs racines de terreau, de sable ou de compost. Idéalement, le pralinage doit avoir lieu dès la réception de la plante, avant la mise en jauge ou en terre. En revanche, il n'est plus très utile au moment de la plantation, car les copieux arrosages qui s'ensuivent vont d'eux-mêmes, en toute logique, régler définitivement le risque de dessèchement.
Trois composants de base
La recette du pralin associe une matière organique, si possible riche en micro-organismes, de l'eau et un liant qui permet au tout d'adhérer au bois. Traditionnellement, il était constitué de terre argileuse, souvent extraite des taupinières, et de bouses de vache, véritables usines à bactéries. Plus policés, les pralins du commerce sont désormais constitués de compost et d'argile pure dont l'adhérence est sans égale. Selon les fabricants, on peut y trouver des ingrédients complémentaires comme du phosphore, de l'hormone de bouturage, du basalte ou des mycorhizes, dont le rôle est de booster l'apparition des nouvelles radicelles au moment de la reprise.
Le pralin maison
Vous pouvez fabriquer votre propre pralin à partir de compost ou de litière forestière finement tamisés et de terre argileuse du jardin ou d'argile du commerce. Si vous avez le cœur bien accroché, n'hésitez jamais à rajouter de la bouse, à condition qu'elle soit suffisamment fraîche. La proportion à respecter est d'environ un tiers de compost, un tiers d'argile et un tiers de bouse. Les ingrédients additionnels évoqués plus haut se rajoutent à la marge. La quantité d'eau est à ajuster selon la viscosité que l'on souhaite obtenir, l'idéal étant d'arriver à une sorte de pâte à crêpes.