La pandémie a-t-elle eu un impact sur les mouvements de population en France ? D'après une récente étude de l'Insee, la crise sanitaire n'a fait qu'amplifier un phénomène continu depuis une décennie : la fuite des grandes métropoles vers la périphérie et les villes de taille moyenne.
Où les Français vont-ils habiter ? Grâce aux études successives de l'Institut national de la statistique (Insee), il est possible de suivre les évolutions de mouvements des populations au sein du territoire national. Et justement, l'organisme s'est récemment penché sur la période charnière de 2020 afin d'établir si la crise sanitaire et la démocratisation du télétravail qui en a découlé avaient eu un impact sur ces mouvements migratoires.
Une tendance qui se poursuit
Cette étude, publiée au mois de mars, nous apprend que si la pandémie a augmenté le nombre des déplacements, ces derniers ont été réalisés dans la continuité des tendances observées au cours de la dernière décennie. Ainsi, l'Île-de-France est la région qui compte le plus de départs depuis de nombreuses années. Et le premier confinement n'a fait qu'amplifier le phénomène puisque près de 10 % des Parisiens ont quitté la capitale (208 000 résidents). Et même après le retour à la normale, la région n'a enregistré que 35 arrivées de ménages en provenance d'autres territoires pour 100 départs en 2022. La tendance est similaire dans les Hauts-de-France et le Grand Est qui accusent davantage de départs d'habitants que d'arrivées en 2019 comme en 2022.
À l'inverse, l'Insee constate que les régions qui étaient les plus attractives avant la crise sanitaire, le sont restées après celle-ci. La Bretagne, la Corse, la Nouvelle-Aquitaine, l'Occitanie et les Pays-de-la-Loire apparaissent ainsi comme les territoires les plus prisés des Français, en 2019 comme en 2022.
Direction la périphérie
Face au coût de l'immobilier mais aussi aux attentes des ménages en termes de qualité de vie, de confort, d'accès à des espaces verts, etc., on observe depuis des années un étalement urbain qui conduit les Français à quitter les grandes agglomérations pour s'établir en périphérie. Entre 2017 et 2019, on enregistre notamment plus de 2 entrées dans la couronne des aires de 700 000 habitants ou plus en provenance de leur pôle, pour seulement une sortie en direction de ce même pôle. Et en 2021, ce ratio grimpe à 2,68, avant de redescendre à 2,49 en 2022. Là encore, la tendance s'accentue.
Mais ce sont surtout les villes de tailles moyenne et petite qui attirent les foyers. L'Insee explique : « Dans les aires d'attraction des villes de moins de 200 000 habitants, qui bénéficiaient de flux excédentaires avant 2020, le rapport entre les entrées et les sorties s'accroît. En 2021, par exemple, les aires de Colmar et Vannes accueillent respectivement 122 et 110 transferts de courrier arrivants pour 100 transferts de courrier partants. »
Le télétravail, nouveau facteur de déplacement
Enfin, l'Insee estime que « c'est dans les départements où les emplois apparaissent les plus compatibles avec le télétravail que le ratio des entrées sur les sorties a le plus baissé entre 2018 et 2021 ». L'Île-de-France, mais aussi les départements du Rhône et de la Haute-Garonne sont les premiers cités, sachant que les fonctions métropolitaines et emplois de bureau y sont surreprésentés. Lorsqu'ils peuvent faire du télétravail, les actifs n'hésitent donc plus à changer de territoire.
Étude complète à retrouver sur : Insee.fr.