Alors que près d'un pot de miel sur deux vendu sur le marché européen est altéré par l'ajout de sirop sucré industriel et que cette denrée est le troisième produit le plus frelaté au monde, on vous livre nos conseils pour vous aider à reconnaître un bon miel.
Le chiffre a de quoi faire peur : 46 % des miels importés dans l'Union européenne sont frauduleux. C'est la conclusion d'une enquête conjointe du service de recherche de la Commission européenne et de l'Office européen de la lutte anti-fraude (OLAF) publiée le 23 mars 2023. Loin d'être ces nectars naturels intégralement produits par les abeilles au goût savoureux et aux multiples vertus santé, il s'agirait de mélanges riches en sucres ajoutés et pauvres en nutriments. Coupés avec des sirops de riz, de betterave ou encore de blé, ce qui est strictement interdit par la législation européenne, ces denrées permettent aux entreprises contrevenantes de réaliser des marges plus importantes puisque les additifs utilisés sont jusqu'à cinq fois moins chers que le miel. Or, il est bien difficile de les repérer, d'autant que les marques qui les vendent utilisent des techniques marketing induisant la confusion. Voici quatre points auxquels prêter attention pour vous assurer de choisir un miel de qualité.
Vérifier la provenance
Afin d'identifier les véritables miels purs sans ajout ni altération, ne vous fiez pas au packaging alléchant mettant en scène le terroir français, avec des images de champs de lavande ou un bandeau bleu, blanc, rouge car ils peuvent être trompeurs. L'origine des miels doit obligatoirement figurer sur l'étiquette. Vous n'aurez donc aucune difficulté à trouver cette information si vous prenez le temps de lire les petites lignes au dos de l'emballage. Et vous pourriez alors être surpris de constater que le miel présenté comme un produit hexagonal provient en réalité du Brésil, d'Asie ou d'Ukraine !
En effet, du fait du déclin des abeilles, la production apicole nationale ne suffit pas à combler les fortes demandes des Français en miel : sur les 40 000 tonnes consommées chaque année dans l'Hexagone, nous en importons près des deux tiers. Or, ceux-ci sont sujets à des réglementations généralement moins strictes dans leur pays d'origine, et par conséquent, bien plus fortement susceptibles d'être frelatés. Privilégiez donc autant que possible les miels issus des régions françaises (Provence, Corse, Auvergne, Jura, etc.) et disposant d'un label du type IGP (indication géographique protégée) ou de la mention « récolté et mis en pot par l'apiculteur ».
Privilégier les miels purs
Évitez également les pots estampillés « mélange de miels » ou « mélange de fleurs » car ceux-ci sont de qualité inférieurs aux miels monofloraux. Ces assemblages impliquent en effet de faire chauffer les miels utilisés, ce qui détériore une partie de leurs nutriments et dénature la saveur du nectar. Les conditionneurs peuvent en outre associer des miels qui ne sont pas de l'année, et par conséquent moins frais. Enfin, l'impact environnemental de ces produits est plus élevé dans la mesure où les miels mélangés sont importés de différents lieux de production, ce qui augmente leur empreinte carbone du fait des transports.
Pour éviter ces écueils, optez toujours pour des miels purs, aussi appelés miels monofloraux. Miel de lavande, de romarin, d'acacia, de châtaigner, de sapin, de tilleul, de thym ou de bruyère, peu importe votre préférence, tant que celui-ci provient d'une seule variété de fleurs. Chacun aura alors un goût unique, riche, subtil et très parfumé ! Vous pouvez également vous fier à la mention « miel de cru », qui signifie que le miel est issu d'un nectar butiné dans un lieu précis et à un moment précis.
Se fier aux apparences
Alors que la couleur et la texture peuvent considérablement varier d'un miel à l'autre, il existe néanmoins un critère qui peut être révélateur de la qualité du miel : sa consistance. En effet, si tous les miels purs sont liquides lorsqu'ils sont récoltés, ils finissent par cristalliser lors de la mise en pot, à une vitesse variable selon les fleurs dont ils sont extraits. Ainsi, les miels de lavande ou de tilleul vont se solidifier assez rapidement, tandis que pour les miels d'acacia et de châtaigner, cela prendra plusieurs mois. À l'inverse, seuls les miels industriels dilués avec de l'eau restent perpétuellement liquides.
Quant à la couleur, elle dépend de la variété, allant d'un blanc crémeux pour le miel de lavande à une teinte marron pour celui de châtaigner. De manière générale, retenez que plus un miel est foncé, et plus son goût sera puissant.
Payer le juste prix
Produit selon des pratiques apicoles respectueuses de l'environnement et du bien-être des abeilles, le bon miel a un coût de production élevé, ce qui se reflète sur son prix de vente final. En moyenne, il faudra débourser entre 20 et 30 € le kilo pour du miel pur (soit 10 à 15 € les pots classiques de 500 g). Méfiez-vous donc des pots bon marché vendus en grandes surfaces. Si vous ne souhaitez pas dépenser une fortune et profiter quand même d'un miel de qualité, la meilleure solution consistera à vous fournir directement auprès d'un apiculteur près de chez vous, en vous rendant dans sa miellerie ou au marché.