Si belle, la nuit (Beaj Vad) - Yvan Cassar, Yann Queffélec, Nicolas Montazaud

Ma mère, quand j’étais petit, me jouait du piano en cachette de mes frère et soeur. Elle parlait en jouant, improvisait, récitait, se mettait à chanter Edith Piaf ou l’opéra, etc. Et belle comme une inconnue, elle regardait mes yeux subjugués regarder ses yeux.

C’est dans ces moments là, probablement, que je suis devenu romancier. Le drogué des émotions que la musique vous chuchote à l’oreille, voix humaine ou piano.

« Allons-y, m’a dit Yvan Cassar quand je lui ai raconté cette histoire, allons tous les deux sur scène. C’est toi qui parleras, moi qui jouerai du piano, tu diras quoi ?

– Ce qui me passera par la tête et par les souvenirs, des poèmes célèbres ou non, des textes que j’ai dans la peau… Et bien sûr j’improviserai en t’écoutant jouer. Tu joueras quoi ?

– J’improviserai en t’écoutant, moi aussi, mais pas seulement. Je laisserai mes doigts se souvenir au clavier… »

Voilà pourquoi j’aime tant la musique et les mots. Parce que leurs accords secrets nous sauvent la vie – surtout la nuit.

Yann Queffélec