Culture
Projection au Téléphérique "Ascenseur pour l'échafaud de Louis Malle"
Julien Tavernier (Maurice Ronet), qui travaille pour Simon Carala (Jean Wall), est l’amant de Florence, son épouse (Jeanne Moreau). Le couple décide de se débarrasser du mari gênant en faisant croire à un suicide.
Un soir, Julien accède au bureau de Simon par l’extérieur de l’immeuble et le tue.
Il s’apprête à rejoindre Florence qui l’attend, mais constatant qu’il a oublié sa corde sur la façade, il revient dans le bureau. Mais le gardien de l’immeuble coupe l’électricité pour le week-end et Julien se retrouve bloqué dans l’ascenseur. Au même moment, un jeune couple vole sa voiture. Florence aperçoit le véhicule et imagine que son amant s’enfuit avec une autre.
Né en 1932 à Thumeries, dans le nord de la France, Louis Malle est issu d’une grande famille d’industriels du sucre. Au sein de sa fratrie de trois frères et deux sœurs, il est vite désigné comme celui qui reprendra les rênes de l’entreprise familiale. Mais, manipulant régulièrement la caméra 9mm de son père, à 14 ans, telle une provocation à l’égard de son milieu, il annonce qu’il veut faire du cinéma. Refus parental catégorique. Alors, après le bac, il fait tout pour échouer au concours d’entrée aux grandes écoles, entame Sciences Po, puis finalement un an plus tard, entre à l’Idhec. Il y est encore étudiant lorsqu’il s’embarque sur La Calypso aux côtés du commandant Cousteau, avec lequel il coréalise en 1956 Le Monde du silence. Le documentaire obtient la Palme d’or à Cannes et l’Oscar du documentaire. Grisé, Louis Malle, à 25 ans, veut devenir réalisateur à temps plein. C’est son ami Alain Cavalier qui lui parle du roman de Noël Calef, Ascenseur pour l’échafaud, que Malle va adapter en compagnie de l’écrivain Roger Nimier.
Ascenseur pour l’échafaud est un piège qui se referme inexorablement sur ses protagonistes, selon un mécanisme d’une précision horlogère. Alors que Julien est pris au piège dans un lieu confiné, désert, où le moindre bruit est porteur d’angoisse, Florence erre dans un Paris nocturne et bruyant. Sa pensée divague, sa voix off envoûte. L’immense chef opérateur Henri Decaë maîtrise une image en noir & blanc d’une grande élégance, faisant le pari – réussi – de n’éclairer Jeanne Moreau qu’avec les seules lumières des vitrines. Mais cette errance ne serait rien sans la trompette de Miles Davis. Celui-ci enregistre la musique en une nuit, improvisant avec ses musiciens devant les images du film, lors d’une jam-session organisée par Boris Vian. Pour le cinéaste, « le film en était métamorphosé… il a soudain semblé décoller ».
Pour Georges Sadoul, Louis Malle apporte, comme aucun réalisateur alors, « un nouvel air de Paris » : « Il y a, du boulevard Haussmann aux Champs-Élysées, un petit bar aux portes de glace, un building avec des bureaux en terrasse et des plantes vertes dans la loge de la concierge. Il y a la nuit qui descend sur le quartier, allumant les enseignes lumineuses et les éclairs d’un orage. […] Il y a les bars ouverts la nuit, avec leurs chauffeurs de taxi, leurs putains, leurs ivrognes, leurs juke-boxes, leurs billards électriques. […] Combien Paris eut-il de poètes cinématographiques ? Et l’on pouvait croire qu’il était impossible de renouveler ce thème. » (Les Lettres françaises, 30 janvier 1958)
Séance en partenariat avec le Festival Lumière 2022.
Lieu
Ancien téléphérique
74290 Veyrier-du-Lac
Organisateur
Cinémathèque des Pays de Savoie et de l'Ain
Téléphone 04 50 23 51 09
Mél contact@telepherique.org