En août, l'autre province francophone du Canada s'habille aux couleurs de l'Acadie. C'est la saison idéale pour rencontrer ces cousins d'Amérique, leurs villages coquets et leur environnement préservé.
Sur la côte Atlantique du Canada, entre le Québec et la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick est une province unique en son genre : la seule officiellement bilingue. Et pour cause, plus du tiers de sa population défend jalousement son héritage francophone.
Partir à la découverte de l'histoire acadienne
L'aventure française en Amérique du Nord commence en 1604, lorsque l'explorateur Pierre Dugua de Mons débarque dans la baie de Fundy. Au cours du XVIIe siècle, le nom de cette Nouvelle-France, Acadie, résonne comme la promesse d'une vie meilleure. Les colons, issus pour la plupart de l'ouest de la France, y prospèrent jusqu'à ce que les Anglais s'emparent des lieux pour y fonder leur Nouvelle-Écosse. En 1755, après une courte cohabitation, s'ouvre le tragique épisode du Grand Dérangement. Les Acadiens insoumis sont expropriés, entassés dans des bateaux, souvent séparés de leur famille, puis déportés. Nombre d'entre eux parviennent toutefois à gagner l'actuel Nouveau-Brunswick où ils trouvent refuge et font petit à petit reconnaître leur identité.
Leurs descendants, qui représentent aujourd'hui 35 % des habitants de la province, n'oublient pas cette histoire et ne manquent pas une occasion de démontrer la vitalité de leur communauté. Leurs foyers arborent avec fierté le bleu, le blanc et le rouge, flanqués d'une étoile jaune. Quand ce n'est pas un drapeau qui flotte dans le jardin, c'est la boîte aux lettres, le poteau téléphonique ou même les murs de la maison qui sont peints aux couleurs des Acadiens.
Le Tintamarre du 15 août est leur fête nationale. Particulièrement spectaculaire dans le village de Caraquet, cette manifestation est une émouvante leçon de ferveur identitaire, mais aussi de simplicité. Impossible de rester insensible à la gentillesse de cette population ! Les visiteurs qui souhaitent en apprendre davantage sur ces cousins d'Amérique peuvent s'offrir un voyage dans le temps, au Village historique acadien. À proximité de Caraquet, ce parc réunit une soixantaine de bâtiments authentiques dans lesquels des interprètes en costumes font revivre les us et coutumes d'antan.
Se frotter à la nature… sauvage !
L'hospitalité acadienne invite à poursuivre le voyage à travers le Nouveau-Brunswick. Dans cette discrète province tout en forêts verdoyantes, la nature a conservé ses droits. La route du littoral, de Caraquet à la baie de Fundy, permet de vivre des émotions insoupçonnées à l'occasion d'une partie de pêche à la mouche, d'une excursion en canoë, d'une virée sur les flancs des Appalaches ou d'une randonnée sur un sentier côtier. Les Canadiens eux-mêmes ne parlent-ils pas du Nouveau-Brunswick comme du « secret le mieux gardé au Canada » ?
Le parc national de Kouchibouguac concentre à lui seul une impressionnante variété d'écosystèmes. Forêts, tourbières, marais et plages de sable fin y sont accessibles par des chemins pédestres ou cyclables. Il faut ouvrir l'œil : orignaux, castors, phoques et autres oiseaux marins sont souvent au rendez-vous. Mais c'est à quelques kilomètres de là, à Acadieville, que l'on peut faire les rencontres les plus sensationnelles. En pleine forêt, la compagnie Bear Safari propose de grimper sur une plateforme d'où il est possible de voir évoluer des ours noirs en milieu sauvage.
Au sud de la province, là où les premiers Français accostèrent, la baie de Fundy n'attise plus les ambitions coloniales, mais attire toujours les curieux. Le site est en effet le théâtre d'un phénomène naturel exceptionnel. Les plus hautes et les plus puissantes marées du monde déferlent deux fois par jour dans cet entonnoir long de 290 km, érodant le paysage en formes extravagantes. Sculptés par ces va-et-vient quotidiens, les Hopewell Rocks se découvrent à pied ou en canoë, selon l'heure de la journée. La baie abrite aussi quinze espèces de cétacés qui se laissent facilement apercevoir lors d'une virée en zodiac depuis Saint Andrews, la plus jolie villégiature de la région.
Mais la véritable fierté du Nouveau-Brunswick reste son fameux homard. Rien de tel qu'une croisière au départ de Shédiac, autoproclamée « capitale mondiale du homard », pour apprendre à le cuisiner et à le décortiquer. Qu'il soit cuit à la vapeur, au court-bouillon, au four ou sur le gril, le célèbre crustacé est un délice au tarif très accessible de ce côté de l'Atlantique. Même les enseignes de restauration rapide les proposent en sandwichs !
Pratique
Se déplacer.
Le mode de transport le plus pratique au Nouveau-Brunswick est sans aucun doute l'automobile. Au détour de ses ponts couverts, la province a mis en place des routes panoramiques balisées. Contrairement aux idées reçues, il est plus économique de réserver son véhicule via internet plutôt que sur place.
Se loger.
Hôtels, chalets, campings, cafés-couettes (version francophone du bed & breakfast), les modes d'hébergement sont variés et bénéficient de réductions intéressantes en hiver. D'anciennes belles demeures sont ainsi transformées en établissements de standing à travers la province.
À noter.
En venant du Québec, pensez à avancer votre montre d'une heure. Munissez-vous aussi d'un puissant répulsif pour tenir à distance les nuées de moustiques et de mouches noires qui sévissent quasiment sur tout le territoire.