Ancien refuge utopique de pirates, Madagascar offre la vision inattendue d'un jardin d'Éden sauvé du déluge.
Les Mikea existent-ils encore ? De nombreux Malgaches en doutent... Au départ de Tuléar, au sud-ouest de l'île-continent, il faut suivre durant cinq heures une piste cahoteuse le long du canal du Mozambique, puis s'enfoncer à pieds, au plus profond de la forêt d'épineux, pour espérer trouver leurs traces. Car c'est bien ici, à l'ombre des baobabs millénaires, que vit cette peuplade, nue à même le sol, comme au premier matin du monde. Considéré comme une tribu originelle de Madagascar, ce groupe de chasseurs-cueilleurs ne représente plus que quelques centaines d'individus dans sa forêt-refuge. Les voyageurs assez curieux pour s'y aventurer ont toutefois de bonnes chances de rencontrer les moins farouches. L'établissement hôtelier Mikea Lodge (https://www.mikealodge.com) a en effet noué des liens de confiance avec eux. Réfractaires à toute introduction d'éléments extérieurs, ces héritiers de coutumes antédiluviennes ne connaissent pas leur âge, font du feu en percutant des silex et ne se déplacent qu'à la recherche d'eau, de tubercules, de miel et de petits gibiers qu'ils piègent au moyen de collets végétaux. Un mode de vie en parfaite harmonie avec la nature !
Merveilles endémiques
Madagascar (http://madagascar-tourisme.com/fr) est à l'image de ces chasseurs-cueilleurs : primitive et fragile. Avec ses routes criblées de nids de poules, la cinquième plus grande île du monde impose la lenteur. « Mora mora » : inutile de se presser… Ce pays long de 1 600 kilomètres ne peut pas faire l'objet d'un seul voyage, chacune de ses régions concentrant une diversité prodigieuse d'écosystèmes. Au sud-ouest par exemple, le massif de l'Isalo déploie un fantastique chapelet de monolithes, dont les formes ciselées par l'érosion rivalisent de splendeurs avec la luxuriance des oasis. L'insularité de Madagascar lui a permis de développer l'un des bestiaires les plus insolites du grand livre de la nature. Pas de scorpions ni de serpents venimeux ici, mais des batraciens multicolores et des oiseaux aux longues plumes exubérantes. Pas de singes non plus, mais des lémuriens adorables et facétieux. Reconnaissable à sa longue queue annelée, le maki est le plus familier de ces primates emblématiques. Extrêmement habile, il vit souvent parmi les épines de l'arbre-pieuvre dont les branches tentaculaires penchent toujours vers le Sud. Dans la forêt méridionale, on voit aussi des bouquets de bougainvillées, des flamboyants, et surtout d'immenses baobabs gorgés d'eau qui servent de repères aux Mikea et leur permettent de s'hydrater.
Égaux devant la beauté
Terminus de la fameuse route nationale 7, Tuléar (ou Toliara) est la grande ville du Sud. Son nom signifie « C'est là-bas ». Une aubaine pour les voyageurs fatigués ! Car après avoir randonné entre les sentinelles minérales de l'Isalo, c'est d'un plongeon dans des eaux turquoise à 28 degrés dont ils ont besoin. Protégées par la deuxième plus longue barrière de corail du monde et préservées de toute pollution, les plages interminables et immaculées du Sud-Ouest malgache sont d'une beauté déconcertante. Impossible de rester insensible à la perfection du tableau. Même les pirates du XVIIe siècle pensèrent avoir trouvé ici leur paradis. Sous l'influence du capitaine Misson, les forbans du navire Victoire abandonnèrent leur vie d'errance et de larcins pour fonder sur les plages malgaches une société utopique, basée sur la fraternité. Leur république baptisée Libertalia prônait l'égalité entre les races et la mise en commun des richesses. Harmonie et concorde y étaient obligatoires… Aujourd'hui, cette côte est le cadre idéal d'une communion hédoniste avec la nature. Les visiteurs qui ont posé leurs valises au Mikea Lodge sont invités par l'école de plongée Libertalia à découvrir les épaves d'anciens galions échoués à proximité du lagon. Pendant ce temps, les employés de l'établissement veillent à leur confort. Parmi eux, se trouve un Mikea. Mais inutile de chercher à le rencontrer en soirée. À la fin de sa journée, il quitte ses vêtements pour aller dormir parmi les siens, en forêt.
Pratique
Y aller.
Air Madagascar (https://www.airmadagascar.com) opère, en direction d'Antananarivo, jusqu'à sept vols directs par semaine au départ de Paris, et un vol hebdomadaire au départ de Marseille. Pour rejoindre Tuléar depuis la capitale malgache, Tsaradia, la nouvelle filiale de la compagnie nationale, programme trois vols par semaine. Le Paris-Tuléar via Antananarivo en classe économique est affiché à 923 euros AR.
Formalités.
Un visa est obligatoire pour tout séjour à Madagascar inférieur à trois mois. Il se demande en ligne sur le site https://www.evisamada.gov.mg puis s'obtient à l'arrivée à l'aéroport international d'Antananarivo-Ivato contre 35 euros (prévoir l'appoint).
À voir.
À 45 km de Tuléar sur la commune d'Ifaty, la réserve Reniala propose un parcours botanique dans une forêt de baobabs pour découvrir la flore malgache. La balade guidée en français apprend notamment à distinguer les baobabs authentiques des faux, issus de la famille des flamboyants. Sur 160 hectares, la réserve compte plus de 800 spécimens, dont le plus vieux aurait 1200 ans ! Les quatre espèces de bois utilisées par les pêcheurs Vezo pour fabriquer leurs pirogues à balancier sont également bien représentées. L'association franco-malgache qui gère le site possède aussi un parc ornithologique et un centre de secours pour lémuriens. Ce dernier, fondé par Brigitte Bardot en 2011, œuvre à la réhabilitation des primates captifs au milieu sauvage.
Renseignements
Le site de l'office national du tourisme http://madagascar-tourisme.com/fr réunit toutes les informations utiles pour préparer son voyage.