Destination sportive par excellence, la Réunion réserve ses reliefs tourmentés aux amateurs de randonnée.
La Réunion a un tempérament de feu. Surgie avec fracas de l'océan Indien il y a trois millions d'années, cette île volcanique n'est pas du genre à se laisser bercer par le souffle chaud des alizés. Les flancs abrupts et luxuriants qu'elle dresse sous le tropique du Capricorne sont plus propices aux activités sportives qu'aux paresses lascives. De ses origines tumultueuses, ce département d'outre-mer conserve des pitons dépassant les 3000 mètres d'altitude, des caldeiras aux remparts verticaux et des cratères capricieux, qui expriment régulièrement leur puissance tellurique. Pour protéger cet univers singulier, peuplé de nombreuses espèces endémiques, un parc national a été créé sur 42 % du territoire réunionnais. Et pour le découvrir, plus de 1000 kilomètres de chemins pédestres y ont été aménagés. De la balade de quelques heures à la traversée de plusieurs jours, il y en a pour tous les goûts (https://bureau-montagne-reunion.re). L'île compte notamment trois sentiers de grande randonnée, dont le R1, élu GR préféré des Français en 2019.
D'un cirque à l'autre
Dans les « Hauts » de la Réunion, trois grands cirques naturels constituent pour les marcheurs un terrain de jeu quasiment inépuisable (https://www.reunion.fr/decouvrir/montagne/les-cirques). Depuis les « Bas », on y accède en remontant des gorges verdoyantes où résonne le tumulte des torrents. Traversés par le fameux GR R1, ils sont tous habités, ceinturés de parois vertigineuses et tailladés de ravines profondes. Salazie, le plus arrosé des trois, est le domaine privilégié des cascades et des forêts tropicales. Cilaos, le plus méridional, forme une immense cuvette où se love une délicieuse bourgade thermale à l'ombre des plus hauts sommets de l'île : le piton des Neiges et le Gros Morne. Mafate, enfin, est le plus enclavé. Le plus sauvage aussi. Bref, le plus authentique. Privé de tout accès routier, ce cirque d'environ 100 kilomètres carrés ne se découvre qu'à la force des mollets. Difficile d'approche avec ses dénivelés interminables, il récompense les braves par des panoramas à couper le souffle, littéralement. Quelque 150 kilomètres de sentiers, tracés jadis par les éleveurs de cabris, relient un ensemble de plateaux appelés îlets. Au sein de ce paysage émeraude, fleuri en toutes saisons, une dizaine de villages perchés racontent la Réunion « lontan ». Îlet à Malheur évoque, par exemple, la douloureuse histoire des « marrons ». Ces esclaves en fuite étaient traqués par des chasseurs sans scrupule qui recevaient leurs primes dans le hameau voisin, Îlet à Bourse. De ce passé mouvementé, le millier d'habitants de Mafate a gardé une discrétion naturelle et un goût pour l'autarcie. Le ravitaillement par hélicoptère, les panneaux solaires et le réseau téléphonique sont leurs seules concessions à la modernité.
Un paysage en mouvement
Sur la partie sud de la Réunion, la menace permanente du volcan impose le respect. Comment ne pas se sentir tout petit sous son écrasante domination ? C'est généralement dans la vaste pente du Grand Brûlé que se déversent, depuis des centaines d'années, les coulées de lave issues d'un des systèmes volcaniques les plus actifs de la planète. Le piton de la Fournaise crache son magma en fusion approximativement tous les dix-huit mois. Ces éruptions successives ont dessiné un relief dantesque, mais facilement accessible. Vestige de l'ancienne caldeira du volcan, la plaine des Sables projette d'emblée les visiteurs sur une autre planète. Couverte pouzzolane écarlate et souvent baignée de brume, cette vaste étendue lunaire est l'antichambre de la bête. L'approche de son « Enclos » peut se poursuivre en voiture jusqu'au pas de Bellecombe, où la vue s'ouvre sur un paysage en cours de formation. Au-delà, ce n'est qu'à pied que l'on sent battre les pulsations de l'île. Dans la caldeira actuelle, le sentier balisé, qui se hisse vers le cône du piton Dolomieu, avait été coupé par l'éruption de 2018. Sa réouverture récente permet aux randonneurs d'évoluer dans un chaos multicolore et scintillant de rivières figées. Ici, les dalles de lave cordée et les amas de scories abrasives sont désormais coagulés. Mais attention, le cœur volcan est toujours ardent. En contrebas, dans le Grand Brûlé, la coulée d'octobre 2019 crépite encore sous la pluie…
Pratique
Y aller.
Les saisons à la Réunion sont inversées par rapport à la Métropole. L'été austral, qui s'étire de novembre à avril, est marqué par de fortes précipitations, des températures élevées, et donc, un risque cyclonique. Entre mai et octobre, l'hiver austral, plus frais et sec, est la meilleure période pour randonner.
Se loger.
Le Diana Dea Lodge (https://www.diana-dea-lodge.re) est dissimulé dans un vaste parc surplombant la côte est de la Réunion. Raffinée et discrète, cette adresse de charme propose deux sentiers pédestres permettant d'observer les cerfs qui circulent librement dans la propriété. Après la balade, c'est au coin du feu, en bord de piscine, ou au spa, que les convives sont invités à ses détendre.
Isolé dans un écrin de nature tropicale, le Palm Hotel & Spa (www.palm.re) domine la photogénique baie de Grande Anse. Cet établissement 5 étoiles offre un balcon de rêve pour admirer les couchers de soleil et le souffle des baleines en sirotant un cocktail. Comble du chic : la marque de cosmétique maison a développé une signature olfactive que l'on retrouve des accessoires de salle de bains jusqu'à l'air ambiant des espaces communs.
Alliant le confort optimal d'une résidence et le service personnalisé d'un hôtel haut de gamme, le Ness by D-Ocean (www.nessbydocean.com) est le cadre idéal d'un séjour en famille. Ses vastes chambres sont toutes équipées d'une kitchenette et sa piscine à effet miroir s'ouvre sur les eaux turquoise du lagon. Aménagé en food truck, son bar de plage est le meilleur spot pour profiter du crépuscule, les pieds dans le sable.
Des gîtes familiaux accueillent les randonneurs dans les hameaux du cirque de Mafate. À Aurère, le Poinsetia (https://gite-le-poinsettia.jimdosite.com/) est tenu avec bonne humeur par madame Boyer, qui régale chaque soir ses convives de saveurs traditionnelles. Ambiance garantie autour de ses grandes tablées à l'heure du rhum arrangé ! Que ce soit pour une nuit en chambre ou en dortoir, la réservation est vivement recommandée.
Bon plan.
Pour les visiteurs souhaitant découvrir l'île en marchant, mais sans se lancer sur un circuit de plusieurs jours ni se soucier de logistique, le Bureau Montagne Réunion (https://bureau-montagne-reunion.re) propose des randonnées à la journée, à partir de 50 euros. Encadrées par des accompagnateurs diplômés, ces sorties sont différentes chaque jour : le lundi, Bélouve, le mardi, Mafate, le mercredi, la Fournaise, etc. Tous les départs sont garantis, même pour un seul participant.
À faire.
L'hélicoptère met les subtilités du relief réunionnais à la portée du plus grand nombre. Sept jours sur sept, la compagnie Helilagon (www.helilagon) propose différentes formules, toutes inoubliables, du survol de Mafate en 15 minutes à celui de tous les incontournables en 55 minutes. Une navette gratuite transporte les passagers de leur logement jusqu'à la base de Saint-Gilles, où les rotations s'étalent de 6 h 30 à 20 h. Notre conseil : privilégier un horaire matinal, avant la formation des nuages ! Départs également possibles depuis les aéroports Roland Garros, au Nord, et Pierrefonds, au Sud.
Créée par le couple de vulcanologues Maurice et Katia Krafft, la Cité du volcan (www.museesreunion.re) a une double vocation scientifique et pédagogique. Situé à Bourg Murat, sur la route qui mène au piton de la Fournaise, le site récemment modernisé propose un voyage à travers l'histoire géologique de l'île. Des installations ludiques (cinéma 4D) et expérimentales (observatoire de l'activité du volcan) rendent cette visite passionnante pour les petits comme pour les grands. Tarif plein : 9 euros.
Renseignements
Tous les atouts naturels et culturels de l'île sont à découvrir sur le site du Comité régional de tourisme de la Réunion (www.reunion.fr).
