Le Kirghizistan est l'une des dernières terres d'aventure. Loin des sentiers battus, ses « monts Célestes » cachent de somptueux lacs alpins et abritent les yourtes de nomades aux traditions vivaces.
Si certains pays se couchent sous la contrainte internationale, d'autres, au contraire, se redressent. C'est ainsi que le Kirghizistan, sous la pression de ses voisins, ne cesse de s'élever. Bien sûr, il n'est pas question ici de géopolitique, mais de tectonique. Tenaillé entre la Chine et le Kazakhstan, le territoire kirghiz se plisse et se hisse au-dessus des nuages. Plus de 90 % du pays sont couverts de montagnes dont la moitié dépassent 3 000 m. Située aux confins de l'antique Route de la soie et de l'ancien bloc soviétique, cette « Suisse d'Asie centrale » reste méconnue et attire encore très peu d'étrangers. Une confidentialité rêvée pour tous les adeptes d'espaces vierges !
Il n'est cependant pas nécessaire d'être un alpiniste aguerri ni un cavalier émérite pour explorer cette contrée mystérieuse. Des agences spécialisées permettent au plus grand nombre de goûter au vertige des « monts Célestes ». Une seule condition pour profiter de l'aventure : accepter un minimum d'imprévus !
L'invité est roi
Ce site isolé et difficile d'accès attire à la belle saison les troupeaux en quête de pâturages. Lors d'un périple itinérant à travers le Kirghizistan, l'étape est idyllique. Mais le lac Son Kul peut constituer à lui seul l'objectif du voyage. Le dépaysement y est total ! Aucune infrastructure ne corrompt la majesté du lieu. Le cadre du séjour est la yourte, sous laquelle on partage le repas des nomades dans la chaleur d'un feu de bouse séchée. Ici, comme dans toute l'Asie centrale, l'hospitalité n'est pas un vain mot. Il suffit de s'approcher d'un campement pour s'en rendre compte. Chaque visiteur est traité en invité de marque.
S'immerger ainsi dans le quotidien de familles nomades est une expérience hors du commun. Leurs journées au bord du lac Son Kul sont rythmées par l'entretien des bêtes, la traite et les joutes équestres. Parmi ces dernières, l'oulak-tartych est certainement la plus spectaculaire. Ce jeu très dangereux consiste à s'emparer d'une dépouille de chèvre décapitée, puis à se la disputer au galop et à coups de cravache pour la déposer dans un « cercle de justice ». Âmes sensibles s'abstenir !
Coiffés de leur inimitable kalpak en feutre, ces valeureux nomades représentent l'âme du pays kirghiz. Le drapeau national leur rend d'ailleurs hommage en arborant, au centre d'un soleil, une stylisation du tundunk, la pièce sommitale de la yourte, qui garantit sa stabilité et par laquelle pénètre la lumière. Installée en seulement deux heures, cette habitation traditionnelle est un lieu très codifié. On y entre du pied droit, en prenant soin de ne pas heurter son seuil ni de passer entre ses deux piliers intérieurs. L'invité s'assoit dans l'espace de gauche et reçoit des deux mains les verres qui lui sont présentés. Au thé succède le kumiss, un lait de jument légèrement fermenté, puis vient le tour de la vodka. Grâce à elle, lorsque la nuit tombe sur le Kirghizistan, les rires et les chants pleuvent sur le lac Son Kul, et le voyageur renoue pour un instant avec sa nature profonde de nomade.
En route vers les montagnes
Quelques kilomètres suffisent pour oublier l'architecture rigide de Bichkek, la capitale multiethnique. Rapidement, la route se transforme en piste chaotique et grimpe à l'assaut des reliefs. Aucun déplacement n'est facile. Les véhicules 4x4 sont mis à rude épreuve, mais les paysages sont à la hauteur des efforts consentis. De vallées désertiques en cols verdoyants, chaque virage livre son lot de surprises, plus photogéniques les unes que les autres. Qu'ils voyagent à pied, à vélo, à cheval ou en voiture, les visiteurs s'offrent généralement une pause balnéaire à 1 606 m d'altitude, sur les plages de l'immense lac Issyk Kul. Mais le véritable trésor du pays se situe encore plus haut, à 3 015 m. Inaccessible en hiver, le lac Son Kul est un petit bijou turquoise caché dans un écrin de cimes enneigées.
Pratique
Formalités
Le visa n'est pas requis pour les voyageurs Français désirant se rendre au Kirghizistan. Il leur suffit de présenter un passeport dont la validité dépasse 6 mois.
Se déplacer
Dans ce pays où l'on roule à droite, la conduite n'est pas une activité de tout repos. Les pistes sont souvent ravinées et les indications écrites en alphabet cyrillique. Un véhicule 4x4 avec chauffeur local est vivement recommandé !
Se restaurer
Dans de nombreux restaurants de Bichkek, on s'assoit déchaussé sur des estrades en croisant les jambes sous une table basse à la façon des tchaïkhana d'antan, étapes sociales sur la route de la soie, où les marchands échangeaient les nouvelles. On peut bien sûr y déguster le plat national bechbarmak à base de pâtes fraîches et de viande de cheval. Dans ce pays musulman, on mange volontiers avec les doigts. De la main droite évidemment ! Les repas sont arrosés de thé plutôt que d'eau ou de kompot, une préparation sucrée, parfumée de fruits séchés.
Voyager sereinement
Classé en zone de vigilance renforcée, le Kirghizistan se visite avec la plus grande prudence. Il est recommandé de voyager en groupe, assisté d'un ou plusieurs accompagnateurs locaux pour les déplacements en dehors de Bichkek, et de se tenir à l'écart de toute manifestation politique dans l'ensemble du pays. En savoir plus : https://www.diplomatie.gouv.fr/