Si l'embolie pulmonaire est une pathologie qui nécessite une prise en charge directe et immédiate, il existe depuis peu une nouvelle méthode qui pourrait changer la vie des patients présentant une forme grave. Décryptage.
L'embolie pulmonaire fait partie des maladies circulatoires fréquentes : elle est responsable de 55 000 hospitalisations chaque année en France, selon l'Agence nationale de santé publique. Il s'agit d'une pathologie grave qui cause plus de 15 000 décès par an. Si des traitements existent déjà, le CHU de Nîmes vient de présenter une innovation accessible à certains patients. On fait le point sur cette avancée.
L'origine et les symptômes
L'embolie pulmonaire est l'obstruction d'une ou plusieurs artères reliant le cœur aux poumons par un caillot de sang. Ce dernier se forme souvent à la suite d'une phlébite ou d'une thrombose veineuse et se détache jusqu'à arriver dans le flux sanguin. Il devient alors potentiellement dangereux s'il bouche partiellement ou totalement l'artère pulmonaire, empêchant ainsi le sang d'oxygéner notre organisme. Dans cette situation, le patient peut rencontrer une difficulté à respirer ou ressentir une douleur thoracique, faire un malaise ou de la tachycardie, avoir une chute de tension, cracher du sang, perdre connaissance ou même faire un arrêt cardiaque. Enfin, si les personnes de plus de 60 ans sont les plus à risque, l'embolie pulmonaire touche autant d'hommes que de femmes.
Les soins
Si une personne de votre entourage est susceptible de faire une embolie pulmonaire, n'attendez pas et contactez le 15 ou le 112. En attendant les secours, il est très important de la maintenir en position semi-assise et immobile afin d'empêcher le caillot de migrer.
Une fois pris en charge, le patient se voit automatiquement prescrire des anticoagulants pour dissoudre le caillot, par voie orale et/ou par injection sous-cutanée. Ce traitement est obligatoire, non seulement pour stopper l'évolution du caillot de sang mais aussi pour éviter les risques de récidive. En cas d'embolie pulmonaire grave, le médecin peut faire une injection intraveineuse d'un médicament directement dans l'artère pulmonaire pour détruire le caillot (thrombolyse) ou, dans des cas sévères, pratiquer une embolectomie, afin de le retirer grâce à une chirurgie.
Une méthode qui fait ses preuves
Les progrès de la science ont permis au CHU de Nîmes de mettre au point une nouvelle technique moins invasive pour soigner en urgence les patients atteints d'une forme grave d'embolie pulmonaire. En complément du traitement par anticoagulants, les médecins peuvent en effet, depuis peu, extraire le caillot de sang à l'aide d'une simple piqûre dans une veine, et ce, sans aucune incision. Grâce à cette innovation, il leur est ensuite possible d'aspirer le caillot (thrombectomie) ou de le dissoudre en utilisant des ultrasons (thrombolyse in situ).
Une réelle avancée, comme le précise le professeur Benoît Lattuca, cardiologue au CHU de Nîmes : « L'équipe de cardiologie du CHU de Nîmes pratique ces techniques depuis plus d'un an avec de nombreuses interventions réalisées. Les premiers registres internationaux mettant en avant une réduction significative de la mortalité avec un risque de décès jusqu'à dix fois plus faible pour les formes les plus graves, en comparaison d'un traitement conventionnel sans thrombectomie. »