À l'heure où le législateur a inscrit dans la Constitution de 1958 la liberté des femmes de recourir à l'interruption volontaire de grossesse (IVG), il semble important de rappeler en quoi consiste l'avortement et quelles sont les différentes méthodes possibles.
Le 17 janvier 1975 est une date qui restera gravée dans la mémoire des Français, et surtout des Françaises. Ce jour-là, Simone Veil a obtenu la promulgation de sa loi dépénalisant l'interruption volontaire de grossesse (IVG), après d'intenses débats. Depuis, les femmes peuvent donc avorter en toute légalité dans l'Hexagone. Puisque d'après la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), elles sont chaque année plus nombreuses à y recourir (230 000 en 2022), voici tout ce qu'il faut savoir sur l'IVG.
Un droit pour toutes
En France, l'avortement est ouvert à toutes les femmes enceintes ne souhaitant pas poursuivre leur grossesse. Majeures, ces dernières peuvent en faire la demande auprès d'un médecin ou d'une sage-femme, tout comme les mineures, qui, si elles n'ont pas besoin d'une autorisation parentale, doivent néanmoins se présenter avec un adulte lors de l'IVG. Les étrangères ou femmes en situation irrégulières peuvent aussi y recourir puisqu'il n'y a pas besoin d'avoir la nationalité française pour avoir le droit d'avorter.
Pour toutes, l'anonymat est garanti si elles le souhaitent, et l'interruption volontaire de grossesse est prise en charge à 100 % par l'Assurance maladie, l'aide médicale de l'État (AME) ou l'hôpital.
L'IVG médicamenteuse
Il existe deux méthodes d'avortement. La première, appelée interruption médicale de grossesse médicamenteuse, consiste à prendre, par voie orale, deux médicaments en l'espace de 24 à 48 heures. En bloquant l'action de la progestérone, les comprimés vont provoquer des contractions qui entraîneront l'interruption de la grossesse et l'expulsion de l'embryon de l'utérus. Elle se pratique dans un hôpital, un centre de santé, un cabinet libéral ou au domicile de la patiente et peut avoir lieu jusqu'à la 7e semaine de grossesse (soit 9 semaines d'aménorrhée, c'est-à-dire après le 1er jour des dernières règles).
Si ce procédé évite aux patientes de subir une intervention chirurgicale ou une anesthésie, l'IVG médicamenteuse peut causer des douleurs et des saignements, voire des hémorragies. C'est pourquoi il est important de faire le point auprès d'un médecin, 14 à 21 jours après la prise des médicaments.
L'IVG chirurgicale
Contrairement à la méthode précédente, l'IVG chirurgicale (également appelée instrumentale) se pratique uniquement en établissements de santé, et peut avoir lieu jusqu'à la fin de la 14e semaine de grossesse (autrement dit 16 semaines d'aménorrhée). L'intervention a lieu sous anesthésie locale ou générale et dure une quinzaine de minutes. Après avoir donné un médicament à la patiente afin d'aider à dilater le col, le médecin ou la sage-femme vient introduire un petit tube dans l'utérus pour en aspirer le contenu. Pour vérifier qu'il n'y ait aucune complication, la patiente doit rester plusieurs heures sous surveillance au sein de l'hôpital ou de la clinique, et une consultation de suivi avec le médecin ou la sage-femme est vivement recommandée deux à trois semaines après l'intervention.