Quelques jours après l'annonce de la sortie de la Nintendo Switch OLED, le monde des consoles portables est de nouveau en ébullition. Le géant Valve attaque frontalement le titan japonais en annonçant une redoutable Steam Deck. La guerre est déclarée.
Des mastodontes du jeu vidéo, Valve est sans doute la plus discrète et la moins connue des entreprises. Loin de la célébrité d'Ubisoft, d'Activision Blizzard, de Nintendo ou encore d'Electronic Arts, la firme basée à Washington s'est pourtant bâti un empire. L'histoire commence en 1998 par la création d'un jeu devenu mythique, Half-Life. Ses mods, comme Counter Strike, ou sa suite, Half-Life 2, entreront également dans la légende. En 2003, le PDG Gabe Newell, considéré aujourd'hui comme un des plus grands visionnaires du secteur, décide de lancer une plateforme de téléchargement de jeux sur PC. Avec 15 ans d'avance, Steam entame la révolution de la dématérialisation de l'industrie dont on constate aujourd'hui toute l'ampleur. En 2020, le service a regroupé plus de 100 millions de joueurs mensuellement, avec un pic à 62 millions de gamers quotidiens durant le confinement. Valve règne désormais sur plus de 20 % des ventes de jeux.Malgré ces nombreux succès, l'entreprise a connu quelques déconvenues lorsqu'il a fallu construire son propre matériel. On pense notamment au fiasco des Steam Machine, des Steam Controllers, longtemps moqués, et à l'échec relatif du Steam VR (réalité virtuelle).
Bras de fer avec Nintendo
C'est donc un nouveau défi que se lance Valve avec sa Steam Deck.Et pour cause ! Depuis l'arrêt de la production de la PS Vita, Nintendo a fait des consoles portables son pré carré. On est loin de l'âge d'or des Gameboy et autres Gamegear, laissant entrevoir un marché florissant. Ces consoles sont chères à produire, les marges sont donc limitées et, surtout, il est très difficile de convaincre les éditeurs de dépenser temps et ressources pour développer des jeux sur un support si spécifique. Les consoles portables meurent la plupart du temps du manque de diversité et de richesse de leur catalogue. Nintendo a su faire de ses DS et de sa Switch de véritables best-sellers, mais tout le monde n'a pas le savoir-faire de l'ogre japonais. La réussite de la Steam Deck est ainsi loin d'être acquise et le duel à distance entre ces deux protagonistes s'annonce palpitant.
Une carte à jouer
La Steam Deck prend en effet le contrepied de la Switch, vendue à 85 millions d'exemplaires. La protégée de Valve est bien plus proche d'un PC portable que l'on est parvenu à faire rentrer dans le boîtier d'une console nomade. Ses performances sont ainsi nettement plus élevées. La Switch a toujours assumé son retard technologique. L'arrivée de la version OLED, qui ne change rien en termes de puissance de calcul, en lieu et place de la tant espérée déclinaison Pro, plus rapide, est venue conforter ce positionnement. La Steam Deck est un monstre de puissance comparée à sa rivale nipponne : son processeur quad core Zen 2 signé AMD et ses 16 Go de Ram lui permettent de faire tourner quasiment tous les jeux disponibles sur Steam. L'autonomie annoncée est d'environ 7 heures. L'écran 7 pouces reste toutefois en deçà avec son affichage 1200x780, limitant la définition à 720p. Reste que Valve peut compter sur un immense catalogue de jeux PC, enlevant de son chemin vers le succès l'un des plus grands obstacles à la réussite d'une console. Sur le papier, la Steam Deck a de quoi séduire : des performances élevées, une offre de jeux gigantesque, une multiplateforme de fait (il est possible de commencer à jouer sur son ordinateur et de finir sur sa console), et un positionnement unique puisqu'elle est seule sur son créneau. Le style, assez maladroit, et le tarif, relativement élevé, pourraient être des freins sérieux. Pour la version 64 Go, il faudra en effet débourser 419 €, 549 € pour 256 Go et 679 € pour 512 Go. C'est deux fois la Switch OLED… Les premiers éléments de réponse seront donnés en décembre prochain, date de sortie de la Steam Deck. Les précommandes, elles, sont ouvertes.