Plus puissante, plus rapide et bien plus chère, la PlayStation 5 Pro arrive en fanfare, promettant monts et merveilles graphiques. Entre prouesses techniques et questionnements profonds, Sony joue gros. Décryptage d'une sortie qui pourrait bien redéfinir l'avenir du gaming.
Objet de rumeurs les plus folles, la PS5 Pro vient d'être officiellement présentée par Sony. C'est Mark Cerny, l'architecte en chef de PlayStation, lors d'une présentation technique de plus de 9 minutes, qui a levé le voile sur celle qui se présente comme une évolution de mi-parcours de la PS5, comptant déjà quatre années au compteur. Promettant une expérience vidéoludique encore inédite, la nouvelle venue intrigue et soulève de nombreuses questions autant sur les choix stratégiques de Sony que sur l'avenir du gaming.
Bête de course
Prévue pour une sortie le 7 novembre prochain, la PS5 Pro arbore un design similaire à sa prédécesseure, mais c'est sous le capot que les changements sont les plus significatifs. Sony a misé sur une refonte complète de l'architecture interne, avec un accent particulier mis sur les performances graphiques. Au cœur de cette évolution se trouve un GPU nettement plus puissant, offrant une augmentation de 45 % des performances de rendu graphique. Cette amélioration se traduit par une capacité accrue à gérer des effets visuels complexes et des résolutions plus élevées. Le nombre de Compute Units a été augmenté de 67 %, permettant à la console de traiter plus d'informations simultanément. Sony a également mis l'accent sur la stabilité des performances, visant à offrir une expérience fluide à 60 images par seconde. Le géant nippon a également dévoilé l'intégration du PSSR, ou PlayStation Spectral Super Resolution, qui vise à augmenter le nombre de pixels affichés à l'écran en interpolant à partir des points existants, via un algorithme d'intelligence artificielle. Son fonctionnement repose sur un rendu initial à basse résolution, suivi d'une mise à l'échelle vers la définition cible du téléviseur ou du moniteur. Enfin, la console intègre de série un disque SSD de 2 To, offrant ainsi un espace de stockage conséquent pour les jeux toujours plus volumineux.
À la croisée des chemins
Malgré sa puissance brute qui en fait la console de salon la plus puissante du marché, la PS5 Pro soulève de nombreuses questions et enjeux pour les joueurs, au-delà de ses prouesses techniques. Le prix de lancement fixé à 799 €, positionné 350 € au-dessus de la PS5 Digital Edition et 250 € au-dessus de la PS5 standard, est un premier point de friction. Cette tarification élevée a suscité de vives réactions sur la Toile et soulève des questions de la place de la console dans un marché où les alternatives comme le PC gaming sont de plus en plus accessibles. Le choix de Sony de rendre le lecteur Blu-ray optionnel, et donc requérant un supplément (119 €), sans oublier le fait que le pied de maintien vertical est aussi un accessoire pour lequel il faudra passer à la caisse, fait grincer de nombreuses dents. Sony adopte définitivement la stratégie premium d'Apple. Ce choix a très bien réussi à la firme de Cupertino, mais en sera-t-il de même pour le fabricant japonais ? Ce sont les joueurs qui ont la réponse à cette question. Plus globalement, dans un paysage vidéoludique en pleine tourmente, l'arrivée de la PS5 Pro soulève des questions existentielles sur les priorités de l'industrie. L'année 2024 a été marquée par une vague de licenciements sans précédent. Des studios emblématiques ont fermé leurs portes. Parallèlement, le fossé entre les aspirations des joueurs et les stratégies des grands éditeurs ne cesse de se creuser, alimenté par des pratiques commerciales contestées et des sorties de jeux parfois précipitées. Dans ce contexte tumultueux, l'obsession pour toujours plus de pixels et d'effets de lumière semble anachronique, la plupart des titres AAA récents n'ayant même pas encore exploité pleinement les capacités de la PS5 ou de la Xbox Series X. La PS5 Pro pourrait bien être le symbole d'une industrie à la croisée des chemins, tiraillée entre l'innovation technologique et la nécessité de repenser ses fondements créatifs et économiques.