Coup de tonnerre dans l'industrie du jeu vidéo. Après avoir racheté à prix d'or l'éditeur Znymax, Microsoft effectue une nouvelle prise de guerre d'ampleur en faisant main basse sur le pionnier du secteur, Activision Blizzard, pour un montant de 70 milliards de dollars. Le prix à payer pour mettre dans son giron Warcraft, Call of Duty ou encore Candy Crush.
Il était acquis depuis longtemps que le jeu vidéo avait dépassé, de très loin, les marchés de la musique et du cinéma dans le secteur du divertissement. Le rachat par Microsoft, l'an passé, du studio Zenymax, à qui l'on doit notamment les sagas Elder Scrolls ou Fallout, pour la modique somme de 7 milliards d'euros, avait déjà démontré que ces industries ne boxaient plus dans la même catégorie. Le 15 janvier dernier, le mastodonte Take-Two, propriétaire de studios incontournables comme Rockstar (Grand Theft Auto), 2K Sports (NBA 2K) ou encore Firaxis (Civilzation, XCOM) achevait l'acquisition de Zynga, un célèbre éditeur/développeur américain de jeux en ligne (FarmVille, Words with Friends, etc.) pour 12,7 milliards de dollars, faisant de cette opération le plus important rachat de l'histoire de l'industrie vidéoludique. Ce record n'a duré que quelques jours. Microsoft vient d'officialiser un accord d'achat du géant Activision Blizzard pour près de 70 milliards de dollars en cash.
Un pionnier dans la tourmente
Blizzard, le plus célèbre membre de la dot, a été fondé en 1991, et a créé depuis des œuvres devenues mythiques comme les inoubliables jeux de stratégie Warcraft et Starcraft, l'action-RPG Diablo, l'éternel MMORPG World of Warcraft ou plus récemment Overwatch et Hearthstone. Activision n'est pas avare non plus en licences plébiscitées par les joueurs avec dans sa hotte rien de moins que Call of Duty, Crash Bandicoot, Quake, Spider-Man ou encore Guitar Hero et Tony Hawk's. Dans cette mécanique à succès, qui génère près de 10 milliards de chiffre d'affaires annuellement, il ne faut pas oublier son troisième pilier, King, véritable bulldozer du jeu mobile avec Candy Crush. Mais tout n'est pas rose dans cette machine à cash. Depuis quelques mois, l'entreprise est au centre d'une tempête judiciaire suite à la révélation d'innombrables actes d'abus sexuels et de harcèlement commis en son sein. Près de 700 signalements ont poussé la justice Californienne à ouvrir une procédure d'ampleur inégalée. Depuis, 40 employés ont été mis à la porte par le groupe. Bobby Kotic, qui tient Activision Blizzard d'une main de fer, est au cœur des polémiques. Lui-même mis en accusation pour des faits de harcèlement sexuel, le patron de l'éditeur aurait été au courant de l'ambiance délétère qui régnait dans ses bureaux. Le rachat intervient au bon moment pour la société dont l'édifice était en train de s'écrouler, et pour son chef, dont le poste était menacé. Avec l'arrivée de Microsoft, Bobby Kotic va pouvoir négocier un départ hautement lucratif. Sans oublier le fait que les dernières productions de Blizzard et d'Activision ont été lourdement critiquées par le public à cause de leur piètre qualité.
Le GamePass s'enrichit, le métavers se profile
Avec ce rachat d'ampleur, Microsoft fait tout de même une prise de guerre exceptionnelle, ralliant sous la bannière Xbox des licences particulièrement jouées. Xbox comprend désormais 31 studios et voit son catalogue, accessible par le GamePass (sorte de Netflix du jeu vidéo), s'enrichir de manière considérable. Difficile de savoir quelles seront les conséquences de cette opération sur le secteur puisque bon nombre des productions d'Activision Blizzard deviendront à coup sûr des exclusivités Microsoft disponibles uniquement sur ses consoles. Sony devra répondre de manière forte. Les répliques de ce séisme vont être nombreuses. Avec une telle force de frappe de créateurs et de développeurs, Microsoft ambitionne de devenir un acteur majeur du futur métavers, monde parallèle numérique actuellement fantasmé par les géants de la Silicon Valley.