Facebook, Google ou encore Microsoft ont trouvé une nouvelle lubie. Après avoir massivement investi dans la réalité virtuelle, c'est un monde parallèle entier que les géants de la tech veulent désormais créer.
Les mastodontes du numérique ont toujours vécu dans une réalité parallèle. C'est en domptant des 0 et des 1 qu'ils ont réussi, du fond de leur garage, à modeler le monde d'aujourd'hui. Ces dernières années, leur intérêt s'est porté sur la réalité virtuelle (VR). On pense à Facebook, bien sûr, avec son Occulus, mais aussi à Valve, avec HTC ou encore à Microsoft et son Hololens. La réalité augmentée est également l'un des chevaux de bataille de Google. Pour autant, enrichir le monde ne leur suffit plus. Les GAFAM ont trouvé un nouveau défi : créer un monde complet totalement virtuel.
Nouvelle dimension
La Silicon Valley a toujours eu un penchant prononcé pour cet endroit étrange de la pensée et de la recherche où se croisent la science et la fiction. Le transhumanisme, cette étape où l'humanité, transcendée par la technologie, aura vaincu la mort, est l'un des courants de pensée les plus ancrés en Californie. La recherche fondamentale et la physique quantique, encore chargées de mystères, intéressent aussi fortement. Il n'est pas étonnant alors de retrouver à plus de 16 reprises le terme « métavers » dans le discours de Mark Zuckerberg, le PDG de Facebook, lors de la présentation, en juillet dernier, des résultats trimestriels de son groupe. Cette expression est directement issue des théories d'unification de la relativité générale et de la physique quantique. Ces univers parallèles sont le nouvel eldorado de la big tech qui veut créer des environnements virtuels où l'on pourrait être physiquement présent, via un avatar et la VR, avoir une vie sociale, travailler, créer ou encore jouer. Une sorte de Sims, mais à échelle humaine. Cette idée n'est pas nouvelle dans la bouche d'un grand patron californien. L'an passé, Intel ou Unity Software ont déjà évoqué ce nouvel horizon. La veille du discours de Zuckerberg, Satya Nadella, le directeur général de Microsoft, a parlé d'un « métavers institutionnel ». Le champion de cette terra incognita reste Nvidia. Le spécialiste de la carte graphique a lancé une plateforme baptisée Omniverse, dont l'objectif est de « rassembler les mondes 3D dans un univers virtuel commun », selon les propres dires des promoteurs du projet. Dans une conférence tenue en octobre, Jensen Huang, le CEO de Nvidia, a déclaré que cette nouvelle dimension, qui est appelée à succéder à internet, lui avait été inspirée par le roman de Neal Stephenson, Le Samouraï Virtuel, sorti en 1992.
Retour à la réalité
Pour le moment, hormis Omniverse, qui en est toujours à ses balbutiements, les projets en cours relèvent davantage du positionnement stratégique que de la réalisation concrète. Facebook ou Google, qui tirent la grande majorité de leurs revenus de la publicité et de la capacité à capter l'attention de leur public, ne peuvent qu'être intéressés par un tel monde où ils seraient omnipotents. En outre, ils verraient d'un très mauvais œil qu'un concurrent se positionne en pionnier sans eux. Dans les faits, la technologie n'est pas encore prête. Certes, la réalité virtuelle, pierre angulaire de tout monde parallèle cohérent, a fait des progrès, mais, malgré les milliards investis, le public peine à se laisser convaincre. Il faut, par exemple, ramener les 10 millions d'Occulus vendus dans le monde depuis 2016, à la grosse centaine de millions de consoles écoulés par Sony, Nintendo ou Microsoft dans le même temps. Cela n'empêche pas les visionnaires d'avancer leurs pions. Fin août, Mark Zuckerberg présentait la version bêta d'Horizon Workrooms, un espace de travail virtuel utilisant les casques VR pour le télétravail, auquel les entreprises, étant donné la situation sanitaire mondiale, ont de plus en plus recours. Bien aidés par la pandémie, ces mondes parallèles pourraient trouver dans la cruelle réalité d'aujourd'hui une alliée précieuse.
