Le Centre Pompidou lance son premier jeu vidéo. Baptisé Prisme 7, le titre promet un voyage haut en couleur à la découverte des œuvres majeures du célèbre musée d'art contemporain. Cette initiation poétique et artistique s'adresse à tous, à partir de 12 ans.
Malgré une aura qui le dessert souvent, le jeu vidéo a fait la preuve à travers de nombreux titres qu'il pouvait se hisser au rang d'art majeur. Toujours en avance sur son temps, le Centre Pompidou n'est pas du genre à bouder les nouvelles technologies au nom d'une certaine idée de la création. Le célèbre musée d'art contemporain vient de bâtir un nouveau pont entre les disciplines en proposant Prisme7, un jeu vidéo spécialement conçu pour les curieux et les amateurs de grandes œuvres. Avec ce projet disponible à la fois sur ordinateur (Pc et Mac) et sur mobile (Android et iOs), les chefs-d'œuvre investissent nos écrans. « Le jeu vidéo est l'une des dernières formes artistiques de notre culture, mais paradoxalement, aucun jeu n'avait jusqu'à présent réussi à proposer une expérience artistique qui immerge dans le champ de l'art moderne et contemporain », confirme Abdel Bounane, creative director de Prisme 7 et co-producteur.
Parcours initiatique
Le joueur est plongé dans un monde organique, baigné de sons et de lumières. Ce « corps » artistique se construit au fil des découvertes : chaque caractéristique propre à une œuvre – qu'elle soit technique ou sensorielle – vient s'ajouter à l'édifice en cours de génération. « Et si le jeu vidéo était aussi capable de jouer avec les règles de l'art, d'en challenger les canons ? Nous avons comme démarche de game designers de produire une œuvre contemporaine qui s'inscrit dans l'histoire de l'art. Car, qui de plus joueur avec la réalité qu'un artiste ? », raconte Olivier Mauco, game director de Prisme 7, président de Game in Society et co-producteur. Le premier niveau sert d'introduction et permet de découvrir les règles de cet univers déroutant. Ensuite, ce sont six mondes distincts qui s'avancent, donnant la possibilité de se frotter à une quarantaine d'œuvres, dont Le Rhinocéros de Xavier Veilhan, New York City de Piet Mondrian, Big Electric Chair d'Andy Warhol. Même les éternels « tuyaux » du bâtiment du Centre Pompidou, conçu par le duo d'architectes Renzo Piano et Richard Rogers, sont de la partie ! Les relations entre couleur et fonction, couleur et émotion ou encore lumière et immersion sont savamment mis en scène pour une expérience unique. L'ambiance sonore de Prisme 7 a été spécialement conçue pour le jeu par Ircam Amplify, filiale de l'Institut de recherche et coordination acoustique/musique. La performance, qui met en avant la création actuelle en design sonore, vaut à elle seule le détour. Le personnage de Prisme 7 est représenté par une entité de molécules lumineuses. Le choix de cet avatar résulte d'une volonté de neutralité, délaissant les représentations traditionnelles présentes dans l'industrie du jeu vidéo (figure humaine, animale ou hybride) afin que chaque joueur puisse s'identifier. Au fur et à mesure de son parcours et des univers franchis, le joueur se constitue une galerie virtuelle personnelle. Favorisant la découverte par le faire, les mécanismes de jeu s'appuient sur un schéma progressif : observer, comprendre, déconstruire, créer.
Apprendre en jouant
Le Centre Pompidou a mis tout son savoir dans ce jeu. « Des notices d'œuvres ont été spécialement conçues pour Prisme 7 avec deux niveaux de lecture (mise en avant d'éléments simples puis présentation détaillée), venant ainsi éclairer les utilisateurs sur les œuvres. Elles sont complétées par diverses ressources du Centre Pompidou : podcasts, dossiers pédagogiques, vidéo, etc. », ont expliqué les créateurs du jeu lors de sa présentation. Certaines de ces ressources ont été spécialement conçues pour s'adresser aux enseignants.