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Facebook mène une guerre d'informations face à l'Australie

Facebook a temporairement bloqué tous les partages d'informations ou d'articles issus des médias australiens. Le groupe californien a choisi la voie du bras de fer avec les autorités nationales qui souhaitent rééquilibrer, à travers une loi, le rapport de force entre les réseaux sociaux et les créateurs de contenus. Une guerre inédite s'est déroulée.

Le rapport de force entre les médias et les réseaux sociaux ou les navigateurs de recherche est au centre des préoccupations des autorités. Il est reproché aux seconds de profiter du contenu créé par les premiers pour s'approprier la majeure partie des revenus publicitaires. Les grands noms d'internet, à commencer par Google et Facebook, estiment quant à eux que c'est grâce à la visibilité qu'ils donnent à ces contenus que les médias en ligne augmentent leur audience.
Au mois de janvier, Google a toutefois cédé sous la pression de l'Union européenne en signant un partenariat favorable aux éditeurs, et principalement aux grands groupes de presse notamment en France, afin de mieux rémunérer les publications indexées par le moteur de recherche. De son côté, Facebook restait en revanche campé sur ses positions. Le 17 février, en riposte à la pression législative du gouvernement australien qui finalise une loi visant à dédommager ses groupes de presse, le réseau social a ainsi décidé de restreindre totalement le partage d'articles et de vidéos d'information sur le territoire national. Pire, journaux et chaînes de télévision n'ont plus eu le droit de publier sur Facebook !

Dommages collatéraux

La nouvelle loi australienne contraint les agrégateurs, comme peut l'être Facebook lorsque des liens sont partagés sur sa plateforme, à négocier une compensation financière avec chaque média. Faute d'accord, un arbitre trancherait. L'addition pourrait représenter plusieurs centaines de millions de dollars pour les groupes américains. Comme en Europe, Google a accepté de négocier avec les acteurs locaux, se mettant ainsi à l'abri de la législation à venir, pas Facebook. « Nous faisons face à un choix désagréable : essayer de nous conformer à une loi qui ignore les réalités de la relation [entre le réseau et les éditeurs], ou bien cesser d'autoriser les contenus informatifs sur nos services en Australie. Avec le cœur lourd, nous choisissons la deuxième option », a expliqué le groupe dans un communiqué publié dans la foulée.
Cette mesure coercitive inédite, qui a duré une semaine avant qu'un accord de la dernière chance ne soit trouvé, a eu des effets collatéraux désastreux. Par ricochet, les services de secours australien ont été touchés : la diffusion d'alertes aux populations sur les incendies, le cyclone en cours ou l'épidémie a été rendue impossible via Facebook, alors même que plusieurs régions se trouvaient dans des situations d'urgence.

Accord sur le fil

Le réseau social considère ne pas être dans la même situation que Google. Le moteur de recherche fait jouer ses robots pour faire apparaître les informations puisées dans les médias sur ses pages, que les éditeurs soient d'accord ou non. À l'inverse, sur Facebook, ce sont les médias qui décident de diffuser volontairement leur contenu. « Ils choisissent de publier les nouvelles parce que cela leur permet de vendre plus d'abonnements, de faire croître leur audience et d'augmenter leurs revenus publicitaires », a expliqué William Easton, directeur de Facebook en Australie et en Nouvelle-Zélande.
Le réseau social a généré plus de 5 milliards de liens renvoyant vers des publications australiennes, pour des gains estimés à 260 millions d'euros en faveur de la presse. « Pour Facebook, les gains sont minimes, a poursuivi William Easton. Les infos représentent moins de 4 % des contenus que les gens voient sur leur fil. Nous expliquons depuis des mois au gouvernement australien que l'échange de valeur entre Facebook et les éditeurs penche largement en leur faveur. »
Malgré cette position radicale, l'État australien a fait un pas vers le réseau social. La loi va être modifiée et un accord a été trouvé pour que le géant américain participe tout de même au financement de la presse nationale. Une bataille s'achève, mais la guerre est loin d'être terminée.

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