Ce mois-ci, un groupe d'entrepreneurs médocains lance Europazon, une place de marché (marketplace) dont l'objectif est de vendre des millions de produits fabriqués en France et en Europe, avec un surmoi éthique prononcé. Dans le viseur : Amazon, son hégémonie mondiale et ses pratiques décriées.
Alors qu'Amazon tirait un certain profit des confinements successifs, multipliant les records de vente par correspondance, un groupe d'entrepreneurs basés dans le Médoc a eu l'idée de créer un site de commerce en ligne réservé aux produits français et européens ou reconditionnés localement. Le concept repose sur trois piliers : éviter les transports de marchandises qui traversent le monde avant de parvenir à destination alors que des équivalents fabriqués en France ou en Europe existent, aider l'économie locale et établir des partenariats commerciaux équitables avec les artisans et producteurs. « Pourquoi faire venir d'Asie ce qui est produit à proximité ? Mieux consommer, c'est aussi avoir conscience qu'en achetant un produit, on achète le monde qui va avec », explique Xavier Mahieu, l'un des entrepreneurs à l'origine de cette aventure tricolore, avant d'en dévoiler l'origine. « Ce projet est né durant le confinement, alors que nous constations que les grosses plateformes de vente en ligne chinoise et américaine tiraient leur épingle du jeu. On s'est dit que c'était quand même dingue que l'on ne soit pas capable de proposer une plateforme française… ».
Les mêmes produits
Pour commencer, lors de son lancement courant juin, Europazon proposera environ un million de références. « Les e-shoppers y gagnent aussi. Ils vont pouvoir se procurer les mêmes types de produits que sur les autres marketplaces étrangères (Amazon, Rakuten ou Alibaba express) : décoration, literie, électroménager, ameublement et high-tech… garantis made in France, made in Europe ou reconditionnés et au meilleur prix », continue Xavier Mahieu. On est encore loin des 120 millions d'entrées qui figurent dans le catalogue du mastodonte américain, mais les responsables de la nouvelle plateforme estiment que la croissance de l'offre sera rapide. Dans un premier temps, Europazon ciblera en priorité le marché français avant d'étendre sa portée à l'Europe entière. « Notre business model porte dans un premier temps sur 1 % du volume d'Amazon, on n'est pas des dingues, et on n'est pas en train de dire qu'on va leur faire mettre un genou à terre ». Petit à petit, le site espère réaliser entre 6 et 7 % des ventes de l'ogre californien. Pour cela, la plateforme française mise sur le changement qu'est en train de s'opérer dans les mentalités. Les consommateurs souhaitent acheter plus éthique, plus écologique et plus responsable. En outre, la France et l'Europe en général veulent limiter leur dépendance industrielle vis-à-vis des grandes puissances étrangères. Europazon pourrait être l'un des outils de cette indépendance retrouvée. C'est en tout cas ce que met en avant la marketplace. « Le e-commerce est devenu un outil incontournable de l'économie européenne, ne laissons pas les géants américains ou chinois dominer ce secteur ». Conscient qu'un tel projet ne s'improvise pas, Europazon a passé un partenariat logistique avec C-Discount, autre place forte du commerce en ligne, afin, notamment, de garantir des livraisons dans les 48 heures.
Appel aux producteurs
Quelques semaines avant son lancement, la plateforme fait un appel aux producteurs « qui respectent l'ADN d'Europazon » à proposer leurs produits sur le site. En mettant en avant les rapports plus équitables que l'entreprise veut avoir avec eux, et la promesse d'une gestion logistique complète, Europazon souhaite enrichir son catalogue. « Vous ne payez que si vous vendez ! Abonnement à 0 euro/mois », explique, par exemple, Xavier Mahieu. Mieux, à travers L'Europacademy by Europazon, l'entreprise propose aux commerçants une formation 100% gratuite, leur permettant d'apprendre à optimiser leurs ventes en ligne. Projet ambitieux mais parfaitement dans l'air du temps, Europazon pourrait rejoindre le cercle fermé des licornes françaises, ces start-up parties de peu et devenues des références dans leur domaine.