Expérimentée avec succès lors des Jeux Olympiques de Paris 2024, la vidéosurveillance algorithmique pourrait bien être pérennisée et déployée à grande échelle. C'est en tout cas ce que souhaite le nouveau gouvernement, malgré les craintes des défenseurs des libertés individuelles.
Trois mois après la clôture des Jeux Olympiques de Paris 2024, la vidéosurveillance algorithmique, technologie phare déployée pour assurer la sécurité de l'événement, se retrouve au cœur du débat national. Initialement conçue comme une expérimentation temporaire, cette innovation soulève aujourd'hui des questions cruciales à l'heure où le gouvernement envisage sa généralisation. Entre promesses sécuritaires et inquiétudes pour les libertés individuelles, il est une nouvelle fois nécessaire de replacer le curseur entre sûreté publique et respect de la vie privée.
Expérimentation réussie
Pour la première fois à grande échelle, la vidéosurveillance algorithmique a été déployée lors des Jeux Olympiques de Paris, transformant la capitale en un vaste laboratoire technologique. Environ 500 caméras, disséminées dans les lieux stratégiques, ont scruté les mouvements de foule, les comportements suspects et les situations potentiellement dangereuses. Le préfet de Paris, Laurent Nunez, s'est montré enthousiaste quant à l'utilisation de cet outil novateur, bien qu'il ait admis qu'aucune interpellation directe n'en avait découlé. Cette expérimentation grandeur nature, si elle n'a pas conduit à des arrestations spectaculaires, a néanmoins permis de tester les capacités de cette technologie dans des conditions réelles, ouvrant la voie à des réflexions approfondies sur son avenir dans le paysage sécuritaire français.
Une technologie de pointe
Au cœur de la vidéosurveillance algorithmique se cache une prouesse technologique qui révolutionne la surveillance traditionnelle. Loin des simples caméras d'antan, ces dispositifs sont désormais dotés d'une intelligence artificielle capable d'analyser en temps réel les flux vidéo. Les algorithmes, préalablement entraînés sur des bases de données massives, scrutent chaque image à la recherche de schémas prédéfinis : un bagage abandonné, un mouvement de foule anormal, ou encore une personne chutant au sol. Cette analyse automatisée ne se contente pas d'enregistrer passivement ; elle interprète activement la scène. Lorsqu'une situation suspecte est détectée, le système génère instantanément une alerte, permettant aux équipes de sécurité d'intervenir rapidement. C'est cette capacité d'analyse instantanée, couplée à une vigilance constante, qui fait de la vidéosurveillance algorithmique un outil potentiellement précieux pour les forces de l'ordre, promettant une réactivité accrue face aux menaces potentielles.
Les questions qui fâchent
Face à ces promesses, le ministère de l'Intérieur a confirmé sa volonté de pérenniser et d'étendre ce dispositif au-delà de son cadre expérimental, qui doit prendre fin le 31 mars 2025, soulevant de vives réactions. Tout n'est pas rose dans le monde de la vidéosurveillance algorithmique. Les défenseurs des libertés civiles s'inquiètent des risques de cet œil omniscient. La Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) a d'ailleurs émis des réserves, mettant en garde contre les dangers d'une « surveillance et d'analyse généralisée dans l'espace public ». La question de l'efficacité réelle du dispositif reste également en suspens ; le rapport d'évaluation de l'expérimentation olympique étant attendu avec impatience. Enfin, se pose la question épineuse des garde-fous légaux et éthiques à mettre en place. La CNIL insiste notamment sur la nécessité de limiter strictement l'usage de ces technologies, excluant formellement toute forme de reconnaissance faciale ou de « notation » des individus. Le futur projet de loi, annoncé par le gouvernement, devra donc naviguer entre ces différents écueils, définissant un cadre clair pour l'utilisation de la vidéosurveillance algorithmique tout en préservant les droits fondamentaux des citoyens.