Pour profiter longtemps des lignes harmonieuses d'une haie taillée au cordeau, il est de bon temps de pratiquer la taille à l'automne. En effet, les plantes qui ne vont pas tarder à rentrer en repos végétatif resteront figées dans leur forme durant tout l'hiver. Cependant, soyez patient car une remontée de sève pourrait bien compromettre la perfection de votre travail.
La bonne gestion du jardin passe par une bonne gestion du calendrier et quelques rudiments de botanique. À défaut, on n'est jamais à l'abri d'une déconvenue.
Petite baisse de régime
Durant l'été, surtout s'il a été chaud et sec, les arbustes adoptent une stratégie de survie afin de limiter l'évapotranspiration. En refermant les stomates situés sur le revers de leurs feuilles durant la journée, ils réduisent au strict minimum les échanges gazeux et les pertes en eau. Ceci a pour conséquence un arrêt plus ou moins prononcé de la croissance. Lorsque le redoux et les pluies d'automne viennent rétablir des conditions plus favorables, ils amorcent une légère reprise de la croissance pendant quelques semaines.
Le bon moment
Durant cette petite remontée de sève automnale, on assiste, entre septembre et octobre, à une repousse plus ou moins vigoureuse selon les espèces, les conditions de culture et les régions. Ce n'est qu'après, avec l'arrivée généralisée du froid, que les plantes se mettront définitivement au repos végétatif hivernal, qui va durer jusqu'au printemps suivant. Durant ce long sommeil, la croissance s'arrête. C'est pourquoi le moment est tout indiqué pour procéder à la taille des haies, car leur forme restera parfaitement figée pendant près de cinq mois.
Gare à la douceur
Mais attention, avec le réchauffement climatique, il est de plus en plus fréquent que les périodes de redoux s'allongent. Et il n'est pas rare de voir, encore au mois de novembre, des automnes qui n'en finissent pas. On peut alors assister, au gré de remontées subites du mercure, à des reprises de végétation tardives et à des floraisons décalées.
Des conséquences fâcheuses
Deux problèmes se posent lorsque la croissance reprend après la taille d'une haie à l'automne. D'abord, esthétiquement, on peut faire mieux. C'est un travail de sape que vient faire la nature en hérissant sans vergogne, dans une haie parfaitement rectiligne, des petits rameaux hirsutes. Comme le nez au milieu de la figure, on ne voit qu'eux. Pour le jardinier maniaque, et il y en a, tout est à recommencer. Ensuite, cela pose des problèmes de rusticité et de vigueur, ces jeunes pousses étant particulièrement sensibles au froid, tant qu'elles n'ont pas formé de bourgeon terminal, elles risquent de mourir au premier coup de gel. Alors en se nécrosant, elles ouvrent des portes propices à l'entrée de maladies.
Tout vient à point…
Voilà pourquoi, les jardinières et les jardiniers doués de raison gagnent à attendre l'arrivée d'un froid bien marqué pour entreprendre les travaux de taille de haie. A fortiori lorsqu'il s'agit d'opérations de rabattage car elles induisent une remontée de sève plus intense et des rejets très nombreux, et surtout, fragiles.
Un petit décalage
Bien sûr, avec les espèces caduques, il n'y a de confusion possible. Le repos végétatif définitif s'annonce avec la chute des feuilles. Pour les arbustes à feuillage persistant, c'est moins lisible, d'autant que celui-ci a tendance à être légèrement décalé. Il arrive plus tardivement à l'automne et il se lève plus tardivement au printemps, en particulier pour les arbustes dits méditerranéens.
Idem pour les rosiers
Comme pour les haies, attention aux tailles hivernales trop précoces des rosiers. En cas de redoux, elles induisent le même type de remontée de sève et l'apparition de jeunes rejets particulièrement sensibles au gel.