Les jolis rhododendrons que Mme I. a plantés dans le sol argilo-calcaire de son jardin n'ont pas mis bien longtemps à jaunir affreusement et dépérir à petit feu. Erreur fatale !
Comme leur étymologie l'indique, les plantes calcifuges fuient littéralement le calcaire. Elles ne supportent pas les sols alcalins, ceux dont le pH est supérieur à 8. Par défaut, on peut dire qu'elles préfèrent donc les sols neutres ou acides. Voilà pourquoi dans le jargon des jardiniers, « calcifuge » est généralement synonyme d'« acidophile », un terme qui qualifie les plantes inféodées aux sols acides (azalées, châtaignier, camélias, skimmias, rhododendrons…). Une petite clique souvent très florifère qu'il est totalement vain de vouloir installer dans un sol qu'elle ne supporte pas.
La faute au calcium
Les sols calcaires sont particulièrement riches en ions calcium. Sans rentrer dans les détails de la chimie pointilleuse, disons que cette présence excessive empêche les plantes calcifuges d'accéder à certains nutriments, en particulier au fer et au potassium. Ce blocage induit des carences qui provoquent des chloroses, que l'on reconnaît au jaunissement des feuillages. Ces chloroses, en plus d'être inesthétiques, obèrent la croissance, la vigueur et le fleurissement des végétaux qui finissent par s'étioler lentement au cours des années.
Sceptique vis-à-vis de la fosse
La laborieuse solution qui consiste à créer des fosses à plantes acidophiles, remplies de terre de bruyère et totalement isolées du calcaire du sol à grand renfort de géotextile, n'est pas viable à long terme. En effet, à moins de veiller à effectuer des arrosages à l'eau de pluie, malheureusement de plus en plus acide, l'eau des régions où le sol est calcaire est généralement elle-même calcaire. En s'infiltrant insidieusement dans la terre à chaque arrosage, elle opère un travail de sape qui revient à « calcifier » lentement le substrat acide. Bref, Mme I., en terre calcaire, il faut installer des plantes cal-ci-coles !