À mesure que la fin de l'hiver approche, le jardinier, en proie à une importante baisse d'activité depuis plusieurs mois, a généralement de l'énergie à revendre. Pourquoi ne pas la consacrer à tailler les arbustes à fleurs ? Très bonne idée, à condition que cela n'ait pas pour conséquence le sacrifice des floraisons à venir.
Les arbustes à floraison printanière ont depuis quelque temps tous les sens en éveil. Les racines bien calées dans leurs starting-blocks, ils sont parés à fleurir au top départ climatique. Ils ouvriront alors leurs fleurs, pour les plus précoces, dès le début du mois de mars, afin d'annoncer, à grand renfort de couleurs, que le printemps est arrivé. Tout jardinier normalement constitué ne saurait rester insensible à cette réjouissante avant-première florale. Mais attention : pour en profiter, il faut tempérer ses ardeurs et manier la cisaille avec discernement.
Ne pas couper les futures fleurs
Le début d'année est une période dangereuse pour les arbres et les arbustes qui fleurissent au cours du printemps, à l'image des forsythias, weigelias, lilas, spirées, viornes « boule de neige » et autres lauriers-tins. En effet, depuis l'été dernier, ils ont patiemment préparé leur induction florale et formé sur les rameaux de l'année précédente tous leurs bourgeons florifères. En un mot, ils sont prêts à fleurir sitôt que les conditions leur seront favorables. Si bien qu'en les taillant en hiver, vous supprimez tout ou partie des fleurs à venir et saperez de longs mois de labeur végétal. Loin de vous cette cruelle idée ! Mais tout le monde n'étant pas un botaniste chevronné, il est difficile de connaître la période de floraison de chacune des plantes qui pousse dans son jardin.
Multipliez les fleurs d'été
À l'inverse, la saison hivernale est le moment idéal pour tailler les arbustes à fleurs d'été (lilas des Indes, althéa, abélia, buddleia, millepertuis, vitex, perovskia, sauges arbustives…), car ces végétaux, à quelques exceptions près, forment leurs fleurs sur les nouveaux rameaux de l'année. Autrement dit, ce sont les nouvelles pousses qui se formeront au printemps qui vont porter les fleurs durant l'été. En taillant en début de saison, vous stimulez la formation de nouveaux rameaux et favorisez donc une floraison abondante. Profitez-en pour leur apporter un peu d'amendement après la taille, ce qui leur sera fort utile au moment de l'apparition des futures fleurs. Étalez un à deux centimètres d'épaisseur de fumier ou de compost au pied de la plante, puis griffez le sol pour l'incorporer.
Un bon tuyau
Afin d'éviter tout malheureux incident, gardez en mémoire ce principe général valable pour tous les arbustes à fleurs : en cas de doute, taillez dans les deux mois qui suivent la floraison. Profitez-en pour noter la date d'apparition des fleurs, afin d'être un peu plus au point l'année suivante…
Pour aller plus loin
Plutôt que de parler de floraison printanière ou floraison estivale pour définir les périodes de taille, il est préférable et plus précis de prendre en compte la maturité du bois sur lequel apparaissent les fleurs. On parle donc plutôt de floraison sur le bois de l'année ou, à l'inverse, sur celui de l'année précédente. Ceci est d'autant plus valable pour les plantes qui fleurissent du printemps jusqu'à l'automne, comme les roses, qui apparaissent pourtant sur le nouveau bois des rosiers. Cela permet aussi de ne pas se tromper entre les floraisons printanières tardives et les floraisons estivales précoces qui peuvent bien souvent se chevaucher au mois de juin.
La fleur ou la forme ?
Si, pour vous, la forme l'emporte sur la floraison, vous pouvez évidemment tailler dès que la plante nécessite à vos yeux une petite coupe de propreté. C'est souvent le cas pour les arbustes à fleurs, placés dans les haies ou taillés en forme simple (boule, vagues…).