Durant l'été, mon jardin dégage une odeur désagréable de poisson pourri à certains endroits. Je pense que cela vient d'une plante herbeuse mais je n'arrive pas à l'identifier.
Les odeurs dégagées par les fleurs sont destinées à attirer les insectes pollinisateurs. Puisque la plupart des butineurs sont alléchés par les saveurs sucrées du nectar, les fleurs entomophiles rivalisent de parfums délicats. Cependant, certaines appliquent une stratégie différente en visant des butineurs plus rares afin de limiter la concurrence. Notamment les diptères (mouches) et les coléoptères (scarabées) dont le régime alimentaire relève, n'ayons pas peur des mots, de la nécrophagie ou de la coprophagie.
Les goûts et les couleurs
Pour attirer ces insectes aux appétits infâmes, les fleurs se doivent de reproduire l'odeur nauséabonde de leurs mets préférés. Ainsi, les fleurs de l'asiminier, pollinisées par la mouche verte, fleurent-elles bon la charogne. Quant au Sterculia foetida, ses noms vernaculaires suffisent à figurer l'odeur de ses fleurs pollinisées par une mouche coprophage : l'arbre caca ou l'arbre à merde.
Le puant coupable
Dans votre cas, l'odeur que vous décrivez est caractéristique. Il s'agit du bien nommé chénopode fétide (Chenopodium vulvaria), une plante annuelle pionnière dont les petites grappes de fleurs compactes dégagent, de juillet à septembre, une odeur puissante de poisson pourri ou de crustacés cuits. Il est d'ailleurs affublé d'autres sobriquets significatifs, comme arroche puante ou herbe-à-bouc. Ce fumet serait dû à la présence de triméthylamine, un dérivé de l'ammoniac.
La lutte antiodeur
Pour lutter contre le chénopode fétide, il faut d'abord apprendre à l'identifier en début de saison, afin de pouvoir l'arracher avant qu'il ne fleurisse et n'émette son indésirable odeur. Dans la même logique, de manière à entraver son expansion, il faut absolument l'empêcher de se ressemer en l'éliminant avant la montée en graines de fin d'été. Bonne chasse !